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THÉORIE DE JUPITER ET DE SATURNE.

par M. de la Lande dans le mouvement de Saturne et le peu d’accord des variations de l’aphélie de cette planète avec la théorie de ses inégalités séculaires.

La réunion des inégalités produites par l’action de Jupiter avec celles du mouvement elliptique forme la théorie complète de Saturne, mais les éléments de son orbite, quoique fort approchés, avaient encore besoin de légères corrections. J’ai choisi, pour cet objet, vingt-quatre observations disposées d’une manière avantageuse, et je suis parvenu aux véritables expressions du rayon vecteur de Saturne et de son mouvement en longitude et en latitude. On peut, sans erreur sensible, étendre ces formules à plus de deux mille ans dans le passé et à mille ou douze cents ans dans l’avenir. Leur accord avec un srrand nombre d’oppositions modernes et avec les observations anciennes prouve à la fois la justesse et la nécessité des grandes équations que j’ai introduites dans la théorie de Saturne, et que les siècles suivants rendront de plus en plus sensibles ; il fait voir encore le peu d’influence des comètes sur notre système planétaire, puisque Saturne, à raison de son éloignement du Soleil, en aurait éprouvé des dérangements remarquables si leurs masses étaient comparables à celles des planètes.

Un résultat intéressant de ces recherches est la détermination du moyen mouvement sidéral de Saturne et son uniformité. Vingt-quatre oppositions modernes, comparées deux à deux et respectivement éloignées de deux, de quatre et de six révolutions de Saturne, m’ont donné ce mouvement égal à dans l’intervalle de jours. L’observation la plus ancienne et la meilleure de Saturne que Ptolémée nous ait transmise et que les Chaldéens firent le er mars de l’an 228 avant notre ère conduit, à de seconde près, au même résultat ; ainsi les observations se réunissent avec la théorie de la pesanteur pour bannir l’équation séculaire de Saturne qui, de toutes les planètes, avait paru aux astronomes exiger la plus grande équation séculaire.

La théorie de Jupiter, exposée dans la troisième Section et comparée aux observations anciennes et modernes, présente des résultats