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Lao-tseu eut un fils nommé Tsong ; Tsong fut général dans le royaume de Weï, et obtint un fief à Touan-kan. Le fils de Tsong s’appelait Tchou ; le fils de Tchou se nommait Kong ; le petit-fils de Kong s’appelait Hia. Hia remplit une charge sous l’empereur Hiao-wen-ti des Han[1]. Kiaï, fils de Hia, devint ministre de Khiang, roi de Kiao-si, et, à cause de cette circonstance, il s’établit avec sa famille dans le royaume de Thsi.

Ceux qui étudient la doctrine de Lao-tseu la mettent au-dessus de celle des lettrés ; de leur côté, les lettrés préfèrent Confucius à Lao-tseu. Les principes des deux écoles étant différents, il est impossible qu’elles puissent s’accorder entre elles. Suivant Lao-tseu, si le roi pratique le non-agir, le peuple se convertit ; s’il reste dans une quiétude absolue, le peuple se rectifie de lui-même.


Le morceau que nous venons de donner est tiré des Mémoires de Sse-ma-thsien[2], qui était le chef des historiens de l’empire, dans la première année de la période Thaï-tsou, sous Wou-ti, de la dynastie des Han (l’an 104 avant J. C.). Cette biographie, qui fait partie des annales officielles de la Chine, est la seule qui soit regardée comme authentique. Les autres vies de Lao-tseu, qui ne s’appuient point de l’autorité de Sse-ma-thsien, ne sont qu’un tissu de fictions que rejettent tous les hommes judicieux. « Han-wou-ti, dit l’édition impériale[3] du Sse-ki (liv. LX11I, Examen des preuves historiques), s’était laissé aveugler par des charlatans adonnés au culte des esprits, et révérait avec eux Lao-tseu comme un dieu. Lorsque Sse-ma-thsien composa la biographie de Lao-tseu, il fit connaître le pays natal, le village, les fils et les petits-fils de ce philosophe, pour montrer que ce n’était qu’un homme comme les autres ; il ne le fait point voyager dans les nuages sur un dragon ailé, il ne le

  1. Il monta sur le trône l'an 179 avant J. C.
  2. Sse-ki. liv. LXIII.
  3. Cette édition existe à la Bibliothèque royale de Paris dans le Recueil des vingt-quatre historiens officiels de la Chine, en sept cent vingt cahiers petit in-fol. C’est le seul exemplaire complet qu’on en connaisse en Europe.