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Lorsqu’il désire d’être placé en avant du peuple, il faut que, de sa personne, il se mette après lui.

De là vient que le Saint est placé au-dessus de tous et il n’est point à charge au peuple (3) ; il est placé en avant de tous et le peuple n’en souffre pas (4).

Aussi tout l’empire aime à le servir (5) et ne s’en lasse point (6).

Comme il ne dispute pas (le premier rang), il n’y a personne dans l’empire qui puisse le lui disputer (7).


NOTES.


(1) H : Dans ce chapitre, Lao-tseu apprend aux rois à s’oublier eux-mêmes (littér. « il leur enseigne la vertu qui consiste à ne pas « avoir le moi, en allemand das Ich »).

E : On définit ainsi le mot wang , « roi : » c’est celui vers lequel tout l’empire va (wang ) pour se soumettre à lui. (Il y a ici une espèce de jeu de mots.) Les ruisseaux de tout l’univers se rendent dans les fleuves et les mers, comme pour se soumettre à eux ; c’est pourquoi les fleuves et les mers sont les rois de tous les courants. Comment obtiennent-ils cela (c’est-à-dire que les courants se rendent dans leur sein) ? C’est uniquement parce qu’ils sont situés au-dessous de tous les courants. Cf. chap. lxi.


(2) A : Le roi doit s’abaisser comme les fleuves et les mers.

Liu-kie-fou : Lorsque le roi s’appelle lui-même orphelin, médiocre, dénué de vertu, on voit que par ses paroles il se met au-dessous du peuple.

Ou-yeou-thsing : Le Saint est d’une modestie, d’une humilité si éminentes, qu’il se voit placé au-dessus et en avant des hommes sans l’avoir désiré (et comme à son insu). Le lecteur, dit Ou-yeou-thsing (doit aller au devant du sens) ; il ne doit pas, suivant l’expression de