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de difficiles ; par de petites choses, lorsqu’il en projette de grandes.

Les choses les plus difficiles du monde ont nécessairement commencé par être aisées (4).

Les choses les plus grandes du monde ont nécessairement commencé par être petites (5).

De là vient que, jusqu’à la fin, le Saint (6) ne cherche point à faire de grandes choses ; c’est pourquoi il peut accomplir de grandes choses.

Celui qui promet à la légère tient rarement sa parole (7).

Celui qui trouve beaucoup de choses faciles éprouve nécessairement de nombreuses difficultés.

De là vient que le Saint trouve tout difficile ; c’est pourquoi, jusqu’au terme de sa vie, il n’éprouve nulles difficultés.


NOTES.


(1) E : Une seule expression suffit pour rendre l’idée de « pratiquer le non-agir. » C’est uniquement afin de donner plus de corps à son style que Lao-tseu développe sa pensée en ajoutant les mots sse-wou-sse 事無事, « faire consister son occupation dans l’absence de toute occupation ; » weï-wou-weï 味無味, « savourer ce qui est sans saveur (le Tao) », qui se rapportent également à l’idée de non-agir.

J’ai déjà expliqué précédemment, dit E, que l’expression wou-weï 無爲 a le sens de feï-weï 非爲, « ne pas agir, » non agere. Pourquoi Lao-tseu dit-il : weï-wou-weï 爲無爲, littéralement agere τὸ non agere ? C’est parce que Lao-tseu pense que les hommes des siècles suivants perdront leur pureté naturelle en se livrant avec ardeur à l’action. Là dessus, il tâche de leur inculquer le non-agir.