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Il ne connaît pas encore l’union des deux sexes, et cependant certaines parties (de son corps) éprouvent un orgasme viril (5). Cela vient de la perfection du semen.

Il crie tout le jour et sa voix ne s’altère point ; cela vient (6) de la perfection de l’harmonie (de la force vitale).

Connaître l’harmonie s’appelle être constant (7).

Connaître la constance (8) s’appelle être éclairé.

Augmenter sa vie s’appelle une calamité (9). Quand le cœur donne l’impulsion à l’énergie vitale, cela s’appelle être fort (10).

Dès que les êtres sont devenus robustes, ils vieillissent.

C’est ce qu’on appelle ne pas (11) imiter le Tao.

Celui qui n’imite pas le Tao périt de bonne heure.


NOTES.


(1) Liu-kie-fou : Quand l’homme vient de naître, sa vertu est pure et solide. Quand il est devenu grand, il se met en rapport avec les objets extérieurs, au moyen des oreilles et des yeux, il les reçoit au fond de son cœur et s’y attache fortement ; il cherche à augmenter sa vie, c’est-à-dire à vivre avec plus d’intensité. Plus ses désirs s’accroissent, et plus la solidité de sa vertu s’affaiblit. Mais celui qui pratique le Tao retranche les choses qui peuvent augmenter sa vie (c’est-à-dire le faire vivre avec plus d’intensité) ; il renonce aux objets sensibles, il cultive sa nature et revient à sa vertu primitive. Quand sa vertu est devenue parfaite, il ressemble à un nouveau-né.

Sou-tseu-yeou : Un enfant nouveau-né est calme et exempt de désirs ; il n’en est que plus parfait. Si les objets extérieurs se présentent à sa vue, il ne sait pas leur répondre, c’est-à-dire se mettre en rapport avec eux. Le Tao n’a pas de corps (est immatériel) ; les êtres