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pratiquent à leur insu et sans intention) et qu’ils ne s’en prévalent point. Cet interprète explique le mot i par chi , « s’appuyer sur, se prévaloir de (la pratique de la vertu). » Quoiqu’il analyse la phrase autrement que B, il arrive au même sens. E rend les mots wou-i-weï 無以為 par nihil agendo agit illud, c’est-à-dire : « il pratique la vertu sans rien faire pour cela. »


(5) Wei-tchi-eul-yeou-i-weï 為之而有以為, c’est-à-dire (B), yeou-sin-iu-te 有心於徳 : « Ils ont l’intention de pratiquer la vertu. »

H explique le mot i par « se prévaloir de (chi ), » comme dans la phrase précédente. Ce qui fait, dit-il, que les hommes d’une vertu inférieure n’ont pas de vertu, c’est que leur vertu émane d’une intention formelle, c’est qu’ils se glorifient de leur mérite 矝功, et se prévalent de la pratique de la vertu.

E : Yeou-i-weï 有以為, c’est-à-dire yeou-weï-weï-tchi 有為為之 « Ils font des efforts pour la pratiquer. »


(6) Sou-tseu-yeou : Après avoir parlé de la vertu supérieure et de la vertu inférieure, Lao-tseu se contente de mentionner l’humanité supérieure, l’équité supérieure, et ne dit rien de l’humanité inférieure, de l’équité inférieure. En voici la raison. La vertu inférieure tient le milieu entre l’humanité et la justice, mais le degré inférieur de l’humanité et de l’équité ne mérite pas d’être cité.


(7) Liu-kie-fou : L’homme d’une humanité supérieure la pratique sans s’y appliquer et comme à son insu. Mais il n’en est pas de même de la justice ; pour la suivre, il faut examiner auparavant ce qui est bien ou mal, juste ou injuste. D’où il suit qu’on ne peut la pratiquer sans agir, c’est-à-dire sans y songer, sans intention.


(8) A : Les princes d’une urbanité supérieure créent les rites, éta-