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de bornes ; il est (dit Sou tseu-yeou) comme une mer dont on ne peut découvrir les lointains rivages.


(14) C : Je suis comme un navire vide qui flotte au gré des eaux, comme une feuille d’arbre qu’emporte le vent.


(15) Le mot i (vulgo se servir) est rendu dans le commentaire B, et dans plusieurs autres, par neng « capacité. »

Aliter E : I veut dire weï « agir. » Tous les hommes se livrent à l’action (l’opposé du non-agir).


(16) E : Je suis comme un homme des champs, un homme qui a des dehors rudes et agrestes (par opposition avec les hommes polis des villes).


(17) C’est-à-dire, le Tao. Suivant E, G, le mot chi, « manger, » doit se lire ici sse, « nourrir. »

E : L’expression sse-mou 食母 a le même sens que jeou-mou 乳母, « nourrice. » Ibid. Tous les êtres ont besoin de l’assistance du Tao pour naître (et vivre). C’est pourquoi on l’appelle la mère de tous les êtres. De là lui vient la dénomination de sse-mou 食母, « la nourrice par excellence. »

Je révère (ibid.) la nourrice des êtres (le Tao). Voilà ce que la multitude des hommes ne fait pas, et ce que j’aime à faire. C’est en cela que je suis différent d’eux.

Li-si-tchaï : Ce n’est pas qu’en réalité je sois un homme stupide. Si je diffère de la multitude, c’est que je connais le principal (la chose essentielle), je pénètre jusqu’à la source, je ne me laisse pas entraîner par le torrent des choses mondaines. Voilà ce que j’appelle « révérer la mère qui nourrit tous les êtres. »