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leur corps (le même commentateur explique plus bas le mot koueï , vulgo noble, par nan-yeou 難有, œgre ferebant), comme on supporte difficilement une grande calamité, parce qu’ils savaient que notre corps est la source (littér. « la racine » ) des calamités. C’est pourquoi ils renonçaient à la gloire, et l’ignominie ne les atteignait pas ; ils oubliaient leur corps et les calamités n’arrivaient point jusqu’à eux.

H a entendu le mot koueï dans le sens ordinaire « honneurs. » Suivant lui, ce mot désigne ici la dignité de roi ou de ministre : les hommes du siècle croient que les honneurs sont un sujet de joie ; ils ignorent que les honneurs sont une grande calamité comme le corps. Ibid. L’auteur compare les honneurs au corps. Il pense que le corps est la source de toutes les amertumes de la vie et la racine de tous les malheurs.


(3) Sou-tseu-yeou : La gloire et l’ignominie ne sont pas deux choses distinctes. L’ignominie naît (E : de la perte) de la gloire ; mais les hommes du siècle ne comprennent pas cette vérité, et ils regardent la gloire comme quelque chose d’élevé, l’ignominie comme quelque chose de bas. S’ils savaient que l’ignominie naît de la gloire (E : de la perte de la gloire), ils reconnaîtraient que la gloire est certainement quelque chose de b*s et de méprisable.


(4) Sou-tseu-yeou : Il n’ose goûter la paix au milieu de sa gloire.


(5) E : Si l’homme est lié et embarrassé par les richesses et les honneurs, cela vient de ce qu’il ne sait pas contenir les affections qui sont inhérentes à sa nature. Lorsqu’il est placé au-dessus des autres hommes, pourrait-il ne pas être troublé ?

Les phrases koueï-i-chin-weï-thien-hia 貴以身爲天下, littér. « regarder comme une chose lourde l’action de gouverner l’empire, et ngaï-i-chin-weï-thien-hia 愛以身爲天下, signifient : « dédaigner de gouverner l’empire par soi-même. » Conf.