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[Lect. VI.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.
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16. Atharwan[1], ami de Manou, et Dadhyantch[2] ont jadis établi une cérémonie (que nous renouvelons aujourd’hui). Que de pieuses libations et des hymnes aient lieu en l’honneur de cet Indra, qui sait ainsi consacrer sa royauté.




LECTURE SIXIÈME

HYMNE I.

À Indra, par Gotama.

(Mètre : Pankti.)

1. Les prêtres, (par leurs chants), exaltent la puissance et augmentent le bonheur d’Indra, le vainqueur de Vritra. Dans les grandes affaires, comme dans les petites, nous l’invoquons. Qu’il daigne nous protéger dans les combats !

2. Héros (invincible), tu vaux, à toi seul, une armée ; tu triomphes de la force et du nombre de nos ennemis ; tu donnes de l’accroissement au faible, et tu fais part de tes biens immenses à celui qui t’honore par ses sacrifices et ses libations.

3. Quand les combats s’engagent, la victoire procure la richesse. Attelle (à ton char) tes chevaux qui abattent l’enivrement (de l’orgueil). Quel est celui que tu vas frapper ? Quel est celui que tu vas enrichir ? Indra, puissions-nous être l’objet de ton choix !

4. (Indra), terrible et grand dans ses œuvres, (est) encore plus fort après nos libations. Le (dieu) magnifique, à la face superbe, aux coursiers azurés, s’approche de nous, et, pour notre bonheur, il prend en ses mains sa foudre de fer.

5. Il remplit l’air qui environne la terre ; au ciel sont attachées ses splendeurs. Indra, personne ne fut, personne ne sera pareil à toi. C’est toi qui soutiens l’univers.

6. Indra, toi qui portes le nom d’Arya[3], et qui donnes à ton serviteur sa nourriture de mortel, accorde-nous notre part, et ouvre pour nous le vaste trésor dont tu disposes.

7. Heureux de nos libations répétées, (dieu) juste en ta puissance, donne-nous des troupeaux de vaches ; puise de tes deux mains au trésor de tes immenses largesses, fais notre joie, et apporte-nous l’abondance.

8. Héros (divin), viens avec plaisir à nos libations ; fais notre force et notre opulence. Nous avons que tu possèdes de nombreuses richesses ; nos vœux s’élèvent vers toi. Sois notre protecteur.

9. Ô Indra, tes enfants, que voici, t’ont préparé des offrandes de toute espèce. Noble Arya, tu sais quelle est la richesse des hommes qui ne te servent point. Apporte-nous cette richesse.


HYMNE II.

À Indra, par Gotama.

(Mètres : Pankti et Djagatî.)

1. Ô Maghavan, approche-toi pour écouter nos chants. Ne te montre pas sourd à nos vœux. Dès l’instant que tu combles nos vœux, tu obtiens aussitôt notre reconnaissance. Indra, attelle promptement tes deux coursiers.

2. Les prêtres, brillants d’un pieux éclat, ont prodigué les mets et les libations sacrés ; ils ont fait asseoir (au foyer), et dans tous leurs atours, les épouses (des dieux)[4] ; ils ont, dans les plus beaux hymnes, célébré ta grandeur. Indra, attelle promptement tes deux coursiers.

3. Ô Maghavan, nous voulons t’honorer, toi qui jettes sur toute la nature un regard (de protection). Attiré par nos chants, viens près de tes serviteurs avec ton char rempli de richesses. Indra, attelle promptement tes deux coursiers.

4. Qu’il se trouve porté sur ce char, d’où découlent tant de biens, d’où provient la richesse des troupeaux, l’homme qui te présente le vase rempli (d’offrandes), et nommé hâriyodjana[5]. Indra, attelle promptement tes deux coursiers.

5. Ô Satacratou, attache à ton char et le coursier de droite et le coursier de gauche, et viens, près de ton épouse chérie, goûter la douceur de nos libations. Indra, attelle promptement tes deux Coursiers.

6. Oui, ma prière attelle (à ton char) tes deux coursiers à la crinière azurée. Que tes bras les

  1. Nom d’un Richi, auquel on a attribué un quatrième Véda. Le mot Manou, employé ici, est dans le sens d’humanité.
  2. Ce sage est sans doute celui qu’on nomme aussi Dadhîtcha ou Dadhîtchi. La forme pure de ce mot est Dadhyantch, le nominatif Dadhyan, le génitif Dadhîtchas. Les os de ce Richi servirent d’armes contre Vritra. Ce passage nous met sur la voie de l’explication à donner à la légende de Dadhyantch. Ces armes formées de ses os, ce sont les prières, Ouktâni, employées dans les sacrifices pour obtenir la pluie, ou, suivant le langage mythologique, la victoire sur Vritra. Il est à remarquer que le mot asthi, qui signifie os, a pour racine le mot asa, qui signifie lancer, et peut, par conséquent, être synonyme du mot trait. Le commentaire dit que Dadhyantch était fils d’Atharvan ; il l’appelle Atharvana. Nous retrouverons ce mot dans la lecture suivante.
  3. Voy. p. 61, col. 2, note 2.
  4. Ce sont les prières.
  5. Le commentateur explique ce mot par dhânâmisrita.