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[Lect. II.]
INDE. - POÉSIE LYRIQUE.

La terre ne saurait l’égaler en grandeur, (le dieu surnommé) Haryaswa[1], quand le plaisir du soma le transporte.

5. Il est grand, il est terrible ; il croît pour la force, et la louange du poëte étend sa puissance. Indra est pour nous tel que Bhaga[2] ; les vaches (célestes) qu’il nous envoie sont une source d’abondance, de fertilité, de richesse sans bornes.

6. Quand les rivières s’enflent et grossissent, les Ondes, telles que des chars, s’emportent vers la mer. Ainsi s’élance Indra, puisant une force nouvelle dans ce soma brillant que nous lui versons.

7. Les rivières vont à la mer : les (prêtres viennent) à Indra, lui apportant le soma étincelant et limpide. Ils l’ont avec leurs doigts (diligents) extrait de la plante ; ils ont reçu dans leurs vases ce miel (de la libation), et l’ont purifié à travers le filtre.

8. La poitrine d’Indra est comme un lac qui contient le soma ; elle suffit à de nombreuses libations. Quand Indra a consommé nos premières offrandes, disposé à frapper Vritra, c’est le soma qu’il demande (encore).

9. Comble-nous de tes dons. Que personne (en libéralité) ne l’emporte sur toi. Nous savons que tu es le maître des trésors ! Ô Indra, ô Haryaswa, que nous sentions toute la plénitude de ta bonté !

10. Magnifique Indra, toi qui aimes notre soma, fais-nous part de tes précieuses, de tes innombrables richesses. Accorde-nous cent automnes d’existence, dieu à la face majestueuse, (donne-nous) une forte postérité.

11. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE VIII.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètres : Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Ô Indra, nous t’invitons à prendre cette force qui terrasse Vritra et triomphe dans les batailles.

2. Indra (nommé) Satacratou[3], que les prêtres sachent rendre ton âme, ton regard attentif.

3. Ô Indra, ô Satacratou, contre les attaques de nos ennemis nous appelons de toutes nos voix ta puissance.

4. Nous glorifions par nos louanges le nom d’Indra, que le monde honore et qui est le soutien des hommes.

5. Ô Indra, toi que tous les mortels implorent, je t’invoque au milieu des combats. Frappe Vritra, et donne-nous ses dépouilles.

6. Sois vainqueur dans les batailles. Ô Indra, ô Satacratou, nous t’appelons. Donne la mort à Vritra.

7. Ô Indra, triomphe, sur le champ de bataille, de ces ennemis robustes, si rapides dans leurs mouvements, si renommés pour leurs richesses.

8. Ô Indra, ô Satacratou, bois ce soma qui donne la vigueur et la victoire. Veille pour nous, et viens à notre secours.

9. Ô Indra, ô Satacratou, je célèbre en toi cet empire que tu exerces sur les cinq espèces d’êtres[4].

10. Reçois, ô Indra, nos abondantes offrandes. Prends une force invincible. Nous aimons à augmenter ta vigueur.

11. Viens à nous, ô Sacra, des régions voisines ; (viens) des régions lointaines. Des lieux qui sont ta demeure, viens ici, ô Indra, toi qui portes la foudre.


HYMNE IX.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Tel que l’ouvrier (façonne le bois), toi, prépare la Prière. Comme le coursier chargé d’un fardeau précieux, approche-toi chargé de l’offrande. Je veux célébrer les hauts faits (d’Indra), et, dans mon heureuse inspiration, contempler les sages (Dévas)[5].

2. Adresse-toi donc à ces races de sages (Richis). L’âme élevée, le cœur pieux, ils ont formé le Ciel. Que tes Prières, aussi rapides que la pen-

  1. C’est-à-dire le dieu traîné par des chevaux azurés.
  2. Bhaga est une des formes d’Aditya, considérée comme l’auteur de tout bien. Le commentaire regarde ce mot comme un adjectif, bhadjanîya.
  3. Ce mot, auquel on a donné plus tard la signification de dieu ayant fait cent sacrifices, semble avoir signifié d’abord, dieu capable de cent prouesses (bahoucarman). Voy. page 43, col. 2, note 1.
  4. Voir page 45, col. 1, note 1.
  5. Le poëte fait allusion aux anciens Richis, ou bien à ces Rites personnifiés sous le nom d’Angiras, et autres. Ces Rites, qui vont s’accomplir, semblent en quelque sorte revivre avec leur antique puissance.