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introduction

acharnée avec les Normands ses voisins, et particulièrement avec Richard Ier[1]. »

Ces déductions sont fort justes, seulement elles partent d’un principe qui ne l’est pas autant. M. Gaston Paris n’a pas contrôlé la citation de M. Dozy, pas plus que M. Léon Gautier, qui a reproduit l’argument[2]. Ce n’est pas Guillaume qui jette à Richard l’orgueilleux défi, mais un simple portier :

Quant li portiers entendi la novele
Del pro Guillelme cui proece revele,
Vers le palais a tornee sa teste,
Et prist un guant, sel mist en son poing destre,
Puis s’escria a sa vois halte et bele :
« Ge te desfi, Richarz, tei et ta terre ;
En ton service ne vueil ore plus estre.
Quant traïson vuels faire ne porquerre
Il est bien dreiz et raison que i perdes. »[3]

En voyant dans cet épisode un Guillaume d’Aquitaine, j’ai encore pour moi cet argument, que le poème place dans l’Ouest les différents théâtres de ces luttes. De Tours Guillaume va à Poitiers (les ducs d’Aquitaine étaient comtes de Poitiers), sur la Gironde, à Saint-Gilles, en Bretagne. Ce sont là des allusions à des poèmes aujourd’hui perdus, qui célébraient, selon toute vraisemblance, les exploits des ducs d’Aquitaine.

En résumé, mon opinion est que la troisième partie du Coronement Looïs, dans sa rédaction actuelle,

  1. Romania, I, 184-185.
  2. Épopées fr. ; 2e éd. IV, 100.
  3. Vers 1600-1608.