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sentiers sauvages qui sentent la menthe et la fougère. La pauvre vieille qui n’avait pas d’autre amie lui parlait à tout propos comme on parle à une compagne. L’automne, elle se faisait une ample provision de bois mort qu’elle apportait en fagots sur ses épaules, et tandis que la brunante tombait, elle revenait à sa pauvre demeure, suivie de la chère bête dont le lait était son unique nourriture.

Que serait-elle devenue sans cette précieuse compagne ? Sans parents, sans soutien, n’ayant que des voisins indifférents ou sournois, que serait-elle devenue sans sa vache qui lui procurait chaque jour sa subsistance, et qui, souvent, dans les grands froids de l’hiver, quand le bois manquait, la ranimait de son haleine et de la chaleur de son corps ?

L’hiver était arrivé, et de nouveau la campagne était devenue toute blanche. Les petits arbres ne se voyaient plus. Les gros sapins eux-mêmes ployaient sous leur couronne étincelante, et dans les champs de neige, les humbles toits fumaient. Et voilà que Noël approchait avec ses concerts célestes et ses visions de Paradis.

La vieille Flavie était dévorée du désir