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les sources. On entend des chants de cascades ; des gammes mélodieuses se déroulent, des oiseaux s’envolent, des écureuils, surpris, s’engouffrent dans les feuillages. Le vent joue dans les branches ; céleste musicien, il en tire des sons magnifiques, comme un artiste qui toucherait à la fois mille instruments. Nous sommes entourés d’arbres ; des arbres, des arbres partout ; des lacs de verdure, des gouffres bleus, des ravins, des talus, des clairières… Et tout cela remue, tressaille, murmure, respire, rêve, chante et pleure. Et cette respiration est si douce, si légère, que, saisi, comme au seuil d’un temple, on s’arrête, de peur d’effrayer les vols mystérieux qui passent autour de nous…

Nous allions lentement dans ce chemin sauvage où l’herbe croît tout à son aise. Les côtes s’éloignaient dans leur robe rayonnante. L’horizon, devant nous, commençait à s’élargir. « J’ai hâte de voir la mer, dit Marie-Jeanne ; c’est la mer que je préfère car je suis fille de marin, moi. — « Et moi, repris-je, je suis fille de bûcheron, j’aime mieux la forêt. Écoute les grands vents rugir dans les feuillages, et tu me diras si ce n’est pas comme le bruit