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surveiller les moutons et les rentrer à la bergerie quand le temps était trop vilain. Chaussée de hautes bottes et munie d’un bâton noueux, elle montait pentes et collines, passait les ravins, traversait des sentiers, et cheminait de longues heures pour mener ou ramener vaches et moutons, dont la marche égale faisait le bruit d’une pluie fine… Parfois, tandis que les animaux dociles broutaient l’herbe des routes, elle cherchait des plantes pour faire des tisanes. Ayant appris, d’une vieille « soigneuse », à reconnaître la feuille de la bourdaine et du sureau blanc, elle en apportait des brassées et préparait des infusions pour le petit Pierre. Il était un petit écolier malingre, étiolé, élancé, d’un œil vivace, d’une intelligence surprenante. Tour à tour calme et agité, nonchalant et actif, rieur et taciturne, il avait des attaques de faiblesse qui le rendaient indifférent à tout. Ces jours-là, il fermait ses livres et ne voulait pas aller à l’école. C’est alors qu’Angèle apprêtait ses tisanes qu’il buvait sans trop maugréer parce qu’elle y ajoutait des morceaux de sucre. Elle se tourmentait, ne savait que faire pour lui être agréable.

Souvent, elle l’emmenait voir les pous-