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UNE FÊTE SAINT-JEAN-BAPTISTE

Marianne se mourait, que l’aîné des garçons était allé chercher le curé pour lui administrer les derniers sacrements. Sacréyer ! dans ce temps-là, il fallait aller quérir le curé à deux lieues et demie. Or, c’était le printemps, les chemins étaient défoncés. Par surcroît de malheur, le mauvais temps annoncé dans le cours de la journée venait d’éclater.

« Le garçon arrive au presbytère et frappe à la porte. La servante vient ouvrir et lui demande ce qui peut bien l’amener de si loin par ce temps affreux.

« Vite ! répond le garçon, je viens chercher monsieur le curé pour ma mère qui se meurt. Vite ! vite ! c’est très pressé. »

Le curé était malade lui-même ; cependant il se lève, s’avance vers le garçon et lui demande quelle sorte de véhicule il a par un temps pareil.

— Monsieur le curé, j’ai seulement notre charrette à barreaux ; nous n’avons pas d’autre voiture que celle-là.

— Impossible, mon garçon, de me mettre en chemin par ce temps de chien, dans une semblable carriole. Je suis trop malade pour cela. Va me chercher une voiture convenable et je me rendrai aussitôt chez vous. »

Trempé jusqu’aux os, le garçon arrive seul à la maison et raconte à son père ce qui s’est passé.