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UNE FÊTE SAINT-JEAN-BAPTISTE

écorchés, prononcés par le curé irlandais, firent sensation ; les cantiques furent chantés également en français. Tout cela avait eu le don d’émouvoir les cœurs des braves Canadiens de l’endroit qui se répétaient les uns aux autres, la messe finie : « C’était comme au Canada ».

Une douce émotion avait fait battre tous les cœurs, et plus d’un Canadien, durant l’office avait furtivement essuyé une larme d’attendrissement.

Après la messe nous fûmes entourés, par une foule de gens qui s’empressaient de venir nous serrer la main et de nous adresser, force félicitations. La joie, le contentement se lisaient sur toutes les figures.

Durant la messe, j’avais remarqué un petit vieillard maigre, sec, alerte et vigoureux qui maintes et maintes fois avait tourné sa tête blanche vers le chœur de l’orgue, et m’avait semblé beaucoup plus intéressé par le chant qu’attentif au saint sacrifice de la messe.

À la sortie, le vieillard fut un des premiers à nous remercier. Je demandai au père Matte qui il était. « Celui-là, me dit-il, en désignant le petit vieillard, entraîné à cet instant par deux jeunes fillettes qui le tenaient par la main, celui-là c’est le père Millette, le plus vieux