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RENCONTRES ET ENTRETIENS

personne de ma famille ni aucun Canadien. Quant au quatrième et à d’autres, que je pourrai bien rencontrer plus tard, je leur ferai leur affaire une autre fois. »

Rendu à ce point du récit, le vieillard fit une pause, mais il reprit bientôt : « Mon père ne devait jamais mettre ses projets de vengeance à exécution. Les premiers jours après notre arrivée à la maison, furent employés à mettre tout en ordre. Un jour que mon père dut s’absenter encore, cette fois, il fut cerné par un parti de « Chêneurs » et criblé de coups. La veille j’avais éprouvé cette douleur dans mon côté droit, et de plus, avait eu lieu ce suintement d’eau roussâtre, qui était un signe certain de la mort de quelqu’un. Privé de notre seul soutien, nous étions condamnés à vivre dans la plus sombre misère. Un ami se chargea de venir nous mener jusqu’à Montréal. Mais bientôt nous prîmes le chemin de l’exil : ma mère m’emmena avec elle dans le nord de l’État du Vermont, où elle avait trouvé un emploi chez un riche américain, qui nous occupa tous deux jusqu’au jour ou l’impitoyable faucheuse vint me ravir celle qui m’avait donné le jour.