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MES AVENTURES AU PAYS

dre à son travail. Rendu à huit arpents de la maison, je me trouvai sur un petit coteau, d’où, n’eût été l’obscurité de la nuit, j’aurais pu contempler cette belle terre dont celui que je visitais était si orgueilleux de se dire le possesseur. Mais quand bien même il eût fait jour, je n’aurais pas eu le temps de contempler grand chose car sur le versant opposé au côté par où j’étais venu, je commençai à distinguer des animaux couchés çà et là au milieu d’un terrain couvert de souches.

Tout-à-coup j’entendis un mugissement formidable et je vis quelque chose de noir se détacher du groupe d’animaux couchés et s’avancer à ma rencontre avec un peu trop d’empressement. Taureau ou loup-garou, je ne pris pas le temps de m’assurer ce que c’était, ma première pensée fut de me trouver un refuge pour me mettre en sûreté, car le danger était imminent.

Par bonheur il se trouvait, à dix pas de moi, une pile de billots et de perches assez élevée pour m’offrir un abri sûr. En deux sauts j’y arrivai et l’escaladai. Il était temps : à peine étais-je rendu au haut de ma forteresse improvisée, qu’un nouveau mugissement plus formidable encore se fit entendre, accompagné,