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RENCONTRES ET ENTRETIENS

mot goupi ! toutefois n’était pas nouveau, car je l’avais entendu proférer plus d’une fois par des Polonais discutant entre eux. Goupi toi-même ; répondis-je sur le même ton, très contrarié de mon erreur ; car à dire vrai, j’aurais été très heureux de revoir mon ami Andé, de l’avoir avec moi quelques instants, de me remémorer avec lui les heures délicieuses passées autrefois à nous divertir ensemble, comme deux bons amis que nous étions.

J’étais allé en effet, quelques années auparavant chez mes parents du Canada. C’est là que j’avais fait sa connaissance. Dès la première rencontre, et dans les entrevues fréquentes qui suivirent, une franche amitié n’avait pas tardé à naître de nos entretiens.

Ce bon Cajolette ! Ce n’était donc pas lui que j’avais vu dans la personne de ce Polonais, mais le désir de le voir sans doute m’avait causé cette illusion. Il me semblait donc que je le revoyais avec son air toujours grave (Il n’était pas tendre à rire), selon une de ces multiples expressions, étant de ces gens qui peuvent dérider une statue, avec le plus grand sérieux du monde.

Je le revoyais dans ma pensée, sur sa nouvelle terre du Canada qu’il ne faisait que commencer