Page:Lambert - Rencontres et entretiens, 1918.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
LE PÈRE THOMAS

Seulement, le matin, au petit jour, le Canadien revenu à lui, sent par la porte restée entrouverte, une fraicheur lui fouetter le visage.

Il se lève vivement, aperçoit William encore étendu sans mouvement.

Quand au ministre protestant, il avait disparu nul ne sut jamais comment, et jamais il ne reparut dans le village.

Et là, tout près derrière la porte de la salle voisine, la femme du ministre, la mère de William, rigide glacée, morte, gisait étendue sur le parquet.

Vivement impressionné, le vieux Canadien porte le cadavre de la morte sur son lit ; relève William qu’il étend sur un canapé de la chambre voisine ; range tout en ordre dans la maison, et se retire en avertissant les proches voisins.


Le père Thomas avait achevé cette histoire avec un geste superbe et imposant. Puis, comme morale, il ajouta d’un ton lugubre à faire frissonner une roche : « Que les âmes soient sauvées ou damnées, il ne faut jamais chercher à les déranger, car elles sont capables de nous jouer de mauvais tours. »