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RENCONTRES ET ENTRETIENS

En arrivant à la maison de son ancien maître, le Vieux Canadien frappe à la porte. — Pas de réponse. Il ouvre, entre : personne, Au même instant, une vive discussion engagée dans la pièce voisine frappe ses oreilles.

Sans s’arrêter à écouter, Jos Caillade, d’une voix de Stentor, s’écrie : « William ! »

Viens ici, j’ai à te parler !

Le bruit des voix cesse, et Jos entend comme des pas lourds et incertains se dirigeant vers lui. William, le fils du ministre, apparaît à la porte, tout débraillé, la figure bouleversée, les yeux hagards… À la vue du Vieux Canadien, il s’écrie d’un air joyeux : Ah ! mon Vieux Jos ! bien arrivé ! Je suis content de te voir !

Or, voici, en quelques mots, ce qui se passait dans cette demeure, depuis la mort du chef de la famille, le ministre protestant : Le fils du ministre était depuis longtemps adonné à la funeste passion des liqueurs enivrantes. Cependant, son père et sa mère avaient, jusqu’à un certain point, réussi à cacher au public ce vice dégradant de leur enfant.

Après la mort du père, la mère, seule, ne put mettre un frein au désir désordonné de son fils. Pour comble de malheur la malheureuse