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MICOL.

Après tant d’infortune, attendons tout des cieux !



 
MICOL, JONATHAS, SAUL.

SAUL, sortant de ses tentes.

L’ombre fuit, et la terre a salué l’aurore.
Quand le Dieu d’Israël me regardait encore,
Chaque jour m’annonçait un bienfait du Seigneur :
Chaque jour maintenant m’apporte son malheur !
Quand le flambeau des cieux va finir sa carrière,
Je crains l’ombre : il revient, et je hais sa lumière !
Mais qui cache aujourd’hui son disque pâlissant ?
O ciel ! il s’est voilé d’un nuage sanglant !
D’une clarté livide il couvre la nature !
Voyez les eaux ! le ciel ! les rochers ! la verdure !
Tout ne se peint-il pas d’une horrible couleur ?
Soleil, je te comprends, et je frémis d’horreur !


MICOL.

Mon père, calmez-vous ! jamais sur la nature
L’aurore n’a paru plus sereine et plus pure.


JONATHAS.

O mon roi ! quel prestige a fasciné vos yeux ?
Jamais un jour plus beau n’a brillé dans les cieux.