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SAUL.

Qui me soulagera du poids de ma vieillesse ?
Hélas ! qui me rendra les jours de ma jeunesse ?
Aux plaines de Gessen qui conduira mes pas ?
Qui me rendra ma force au milieu des combats ?
Qui me rendra ces jours où ma terrible épée
Brillait comme l’éclair au fort de la mêlée ?
Où, comme un vil troupeau dispersé devant nous,
Le superbe étranger embrassait nos genoux ?
Autrefois tous mes jours se levaient sans nuage !
Tel qu’un jeune lion amoureux du carnage.
Chaque jour j’attaquais un ennemi nom eau,
Chaque jour m’apportait un triomphe plus beau ;
Israël reposait à l’ombre de mes tentes ;
Je chargeais ses autels de dépouilles sanglantes !
Et le peuple de Dieu, couronnant son vengeur.
Disait : « Gloire à Saül ! » et moi : « Gloire au Seigneur ! »

(Un moment de silence.)

Et maintenant, que suis-je ? une ombre de moi-même :
In roi qu’on abandonnée son heure suprême !
Combattant vainement cette fatalité,
Ce pouvoir inconnu dont je suis agité.
Persécuté,«puni, sans connaître mon crime,
Par une main de fer entraîné dans l’abîme,
Triste objet de pitié, de mépris ou d’effroi,
L’esprit du Dieu vivant s’est séparé de moi !


MICOL.

O mon père ! éloignez cette horrible p