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qu’elles élèvent dans leurs bras, comme pour leur faire aspirer de bonne heure l’âme d’un peuple irrité ; un morne silence, entrecoupé d’éclats de voix, d’applaudissements ou de huées, selon que l’orateur qui demande à parler est aimé ou haï ; puis des discours incendiaires remuant jusqu’au fond, avec des mots magiques, les passions de cette foule neuve aux impressions de la parole ; l’enthousiasme réel chez les uns, simulé chez les autres ; les motions ardentes, les dons patriotiques, les couronnement civiques, les bustes des grands républicains promenés ; les symboles du christianisme et de l’aristocratie brûlés, les chants démagogiques vociférés, en chœur, au commencement et à la fin de chaque séance : quel peuple, même dans un temps de calme, eût résisté aux pulsations de cette fièvre, dont les accès se renouvelaient périodiquement tous les jours, depuis la fin de 1790, dans toutes les villes du royaume ? C’était le régime du fanatisme précédant le régime de la terreur. Telle était l’organisation du club des Jacobins.


XXI

Le club des Cordeliers, qui se confondait quelquefois avec celui des Jacobins, le dépassait encore en turbulence et en démagogie. Marat et Danton y dominaient.

Le parti constitutionnel modéré avait tenté aussi ses réunions. Mais la passion manque aux réunions défen-