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par les partisans de l’ancien curé. Celui-ci, encouragé par ce succès, annonça aux fidèles qu’il reviendrait le lendemain, à la même heure, célébrer le sacrifice. « Patience, ajouta-t-il, soyons prudents, et tout ira bien ! »

La municipalité, instruite de ces circonstances, fit prier le curé de s’abstenir d’aller le lendemain célébrer la messe qu’il avait annoncée. Il se conforma à cette invitation. Mais la foule, ignorant ce changement, remplissait déjà l’église. On demandait à grands cris le prêtre et le Te Deum promis. Les gentilshommes des environs, l’aristocratie de Caen, les clients et les domestiques nombreux de ces familles puissantes dans le pays, avaient des armes sous leurs habits. Ils insultèrent des grenadiers. Un officier de la garde nationale voulut les réprimander. « Vous venez chercher ce que vous trouverez, lui répondirent les aristocrates ; nous sommes les plus forts, et nous vous chasserons de l’église. » À ces mots, des jeunes gens s’élancent sur la garde nationale pour la désarmer. Le combat s’engage, les baïonnettes brillent, les coups de pistolet retentissent sous la voûte de la cathédrale, on se charge à coups de sabre. Des compagnies de chasseurs et de grenadiers entrent dans l’église, la font évacuer, et poursuivent pas à pas les rassemblements, qui tirent encore des coups de feu dans la rue. Quelques morts et quelques blessés sont le triste résultat de cette journée. Le calme paraît rétabli. On arrête quatre-vingt-deux personnes. On trouve sur l’une d’entre elles un prétendu plan de contre-révolution dont le signal devait éclater le lundi suivant. On envoie ces pièces à Paris. On interdit aux prêtres non constitutionnels la célébration de leurs saints mystères dans les églises de Caen, jusqu’à la décision de l’Assemblée nationale. L’Assemblée nationale