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aristocrates ! Ils croient à l’armée de Coblentz. C’est de là que vient leur confiance. Voulez-vous détruire d’un seul coup l’aristocratie, détruisez Coblentz. Le chef de la nation sera obligé de régner par la constitution avec nous et par nous ! »

Ces paroles prononcées par l’homme d’État de la Gironde répondaient à toutes les fibres et retentissaient du fond du club des Jacobins jusqu’aux extrémités du pays. Les applaudissements frénétiques des tribunes n’étaient que le contre-coup de l’impatience universelle du dénoûment dans tous les partis. Il fallait une âme de bronze à Robespierre pour affronter ses amis, ses ennemis et le sentiment national. Cette lutte d’une idée contre toutes les passions dura des semaines entières sans le lasser. Les grandes convictions sont infatigables. Robespierre balança seul pendant un mois toute la France. Ses ennemis mêmes parlaient avec respect de sa résistance. Si on n’avait pas le courage de le suivre, on aurait eu honte de ne pas l’estimer. Son éloquence, d’abord sèche, verbeuse et dialecticienne, s’éleva et s’éclaircit. Les journaux reproduisaient ses discours. « Toi, peuple, qui n’as pas les moyens de te procurer les discours de Robespierre, je te les promets tout entiers, disait l’Orateur du peuple, journal des Jacobins. Garde bien précieusement les feuilles qui vont suivre. Elles contiendront ces discours. Ce sont des chefs-d’œuvre d’éloquence qui doivent rester dans toutes les familles, pour apprendre à ceux qui naîtront après nous que Robespierre a existé pour la félicité publique et pour le salut de la liberté. »

Après avoir épuisé tous les arguments que la philosophie, la politique et le patriotisme pouvaient fournir contre une guerre offensive commencée sous l’inspiration des Gi-