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colère.) Oui, il faut clore la révolution en commençant par anéantir toutes les dispositions qui la violent : vos comités des recherches, les lois sur les émigrants, les persécutions des prêtres, les emprisonnements arbitraires, les procédures criminelles contre les accusés sans preuves, le fanatisme et la domination des clubs ; mais ce n’est pas encore assez… la licence a fait tant de ravages… la lie de la nation bouillonne si violemment… (Explosion d’indignation générale.) Serions-nous donc la première nation du monde qui prétendrions n’avoir pas de lie ?… L’insubordination effrayante des troupes, les troubles religieux, le mécontentement des colonies qui retentissent déjà si lugubrement dans nos ports ; si la révolution ne s’arrête et ne fait place à la constitution, si l’ordre ne se rétablit à la fois partout, l’État ébranlé s’agitera longtemps dans les convulsions de l’anarchie. Souvenez-vous de l’histoire des Grecs, où une première révolution non terminée en enfanta tant d’autres pendant une période d’un demi-siècle ! Souvenez-vous de l’Europe qui surveille votre faiblesse et vos agitations, et qui vous respectera si vous savez être libres dans l’ordre, mais qui profitera de vos désordres contre vous, si vous ne savez que vous affaiblir et l’épouvanter de votre anarchie… ! » Malouet demanda qu’en conséquence la constitution fût soumise au jugement du peuple et à la libre acceptation du roi.