Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les montagnes de la Judée ; le chemin devient difficile ; tantôt le bord d’un précipice ne laisse aux chevaux que juste la place de leur pied ; tantôt des quartiers de rocs, roulés et entassés à travers le sentier, forment un rude escalier que des chevaux arabes sont seuls capables de franchir ; cependant, quelque pénible que soit ce chemin, il ne présente aucun danger comparable à celui qu’offre la route de Hamana.

» Au sommet de la première cime, nous nous retournons un instant pour jouir d’une vue magnifique sur tout le pays que nous venons de parcourir jusqu’au rivage au delà de Jaffa : quoique tout fût calme autour de nous, l’horizon de la mer, rouge et chargé, annonçait à un œil expérimenté une tempête prochaine ; déjà des vagues menaçantes agitaient les vaisseaux dans la rade ; nous cherchons à distinguer le nôtre ; nous songeons à ceux qui sont restés à bord. Mes tristes prévisions n’étaient pas chimériques : le lendemain, plusieurs bâtiments furent jetés sur cette côte dangereuse, et le nôtre, après avoir longtemps chassé sur son ancre, cassa son câble au milieu d’une rafale épouvantable.

» Après ce moment de halte, nous descendons le revers de la montagne pour en remonter d’autres encore, tantôt à travers des avalanches de pierres qui roulent sous les pieds de nos chevaux, tantôt sur le bord d’une étroite corniche. Les côtes, à droite et à gauche, sont quelquefois très-boisées ; le vert brillant des beaux buissons de l’arbousier et des lauriers-tins contraste avec le maigre feuillage des lentisques et des oliviers. Il ne manquait souvent que de l’eau