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24 juillet 1832.


Entrée en libre pratique dans le port de la cité Valette : le gouverneur, sir Frederick Ponsonby, revenu de sa campagne pour nous accueillir, nous reçoit au palais du Grand-Maître à deux heures. — Excellente figure d’un honnête homme anglais ; — la probité est la physionomie de ces figures d’homme : — élévation, gravité et noblesse, voilà le type du véritable grand seigneur anglais. — Nous admirons le palais ; — magnifique et digne simplicité ; — beauté dans la masse et la nudité de vaines décorations au dehors et au dedans ; — vastes salles ; — longues galeries ; — peintures sévères ; — escalier large, doux et sonore ; — salle d’armes de deux cents pieds de long, renfermant les armures de toutes les époques de l’histoire de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem ; — bibliothèque de quarante mille volumes, où nous sommes reçus par le directeur, l’abbé Bollanti, jeune ecclésiastique maltais, tout à fait semblable aux abbés romains de la vieille école : — œil pénétrant et doux, bouche méditative et souriante, front pâle et articulé, langage élégant et cadencé, politesse simple, naturelle et fine. — Nous causons longtemps, car c’est l’espèce d’homme le plus propre à une longue, forte et pleine causerie. — Il y a en lui, comme dans tous ces ecclésiastiques distingués que j’ai rencontrés en Italie, quelque chose de triste, d’indifférent et de résigné, qui tient de la noble et digne résignation d’un pouvoir déchu. — Élevés parmi des ruines, — sur les