Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mille a un cœur pétri de sentiments humains et honnêtes. L’esprit de famille est la seconde âme de l’humanité ; les législateurs modernes l’ont trop oublié ; ils ne songent qu’aux nations et aux individualités ; ils omettent la famille, source unique des populations fortes et pures, sanctuaire des traditions et des mœurs, où se retrempent toutes les vertus sociales. La législation, même après le christianisme, a été barbare sous ce rapport ; elle repousse l’homme de l’esprit de famille, au lieu de l’y convier. Elle interdit à la moitié des hommes, la femme, l’enfant, la possession du foyer et du champ : elle devait ces biens à tous, dès qu’ils ont l’âge d’homme ; il ne fallait les interdire qu’aux coupables. La famille est la société en raccourci ; mais c’est la société où les lois sont naturelles, parce qu’elles sont des sentiments. Excommunier de la famille aurait pu être la plus grande réprobation, la dernière flétrissure de la loi ; c’eût été la seule peine de mort d’une législation chrétienne et humaine : la mort sanglante devrait être effacée depuis des siècles.




Juillet, toujours mouillés par vent contraire.


À un mille à l’ouest, sur la côte, les montagnes sont cassées comme à coups de massue ; les fragments énormes sont tombés, çà et là, sur les pieds des montagnes, ou sous les flots bleus et verdâtres de la mer qui les baigne. La mer y