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petite place, ouverte au nord sur un coin du ciel et de la colline des Oliviers ; à notre gauche, quelques marches à descendre nous conduisirent sur un parvis découvert. La façade de l’église du Saint-Sépulcre donnait sur ce parvis. L’église du Saint-Sépulcre a été tant et si bien décrite, que je ne la décrirai pas de nouveau. C’est, à l’extérieur surtout, un vaste et beau monument de l’époque byzantine ; l’architecture en est grave, solennelle, grandiose et riche, pour le temps où elle fut construite ; c’est un digne pavillon jeté par la piété des hommes sur le tombeau du Fils de l’homme. À comparer cette église avec ce que le même temps a produit, on la trouve supérieure à tout. Sainte-Sophie, bien plus colossale, est bien plus barbare dans sa forme : ce n’est au dehors qu’une montagne de pierres flanquée de collines de pierres ; le Saint-Sépulcre, au contraire, est une coupole aérienne et ciselée, où la taille savante et gracieuse des portes, des fenêtres, des chapiteaux et des corniches, ajoute à la masse l’inestimable prix d’un travail habile ; où la pierre est devenue dentelle pour être digne d’entrer dans ce monument élevé à la plus grande pensée humaine ; où la pensée même qui l’a élevé est écrite dans les détails comme dans l’ensemble de l’édifice. Il est vrai que l’église du Saint-Sépulcre n’est pas telle aujourd’hui que sainte Hélène, mère de Constantin, la construisit ; les rois de Jérusalem la retouchèrent, et l’embellirent des ornements de cette architecture semi-occidentale, semi-moresque, dont ils avaient trouvé le goût et les modèles en Orient. Mais telle qu’elle est maintenant à l’extérieur, avec sa masse byzantine et ses décorations grecques, gothiques et arabesques, avec les déchirures même, stigmates du temps et des barbares, qui restent imprimées sur sa façade,