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une ville inhabitée. Les murs s’élèvent encore au-dessus de ces portes, et soutiennent une large et vaste terrasse qui s’étend sur les deux tiers de la longueur de Jérusalem, du côté qui regarde l’orient. Cette terrasse peut avoir à vue d’œil mille pieds de long sur cinq à six cents pieds de large ; elle est d’un niveau à peu près parfait, sauf à son centre où elle se creuse insensiblement, comme pour rappeler à l’œil la vallée peu profonde qui séparait jadis la colline de Sion de la ville de Jérusalem. Cette magnifique plate-forme, préparée sans doute par la nature, mais évidemment achevée par la main des hommes, était le piédestal sublime sur lequel s’élevait le temple de Salomon ; elle porte aujourd’hui deux mosquées turques : l’une, El-Sakara, au centre de la plate-forme, sur l’emplacement même où devait s’étendre le temple ; l’autre, à l’extrémité sud-est de la terrasse, touchant aux murs de la ville. La mosquée d’Omar, ou El-Sakara, édifice admirable d’architecture arabe, est un bloc de pierre et de marbre d’immenses dimensions, à huit pans, chaque pan orné de sept arcades terminées en ogive ; au-dessus de ce premier ordre d’architecture, un toit en terrasse, d’où part tout un autre ordre d’arcades plus rétrécies, terminées par un dôme gracieux couvert en cuivre, autrefois doré. — Les murs de la mosquée sont revêtus d’émail bleu ; à droite et à gauche s’étendent de larges parois terminées par de légères colonnades moresques, correspondant aux huit portes de la mosquée. Au delà de ces arches détachées de tout autre édifice, les plates-formes continuent et se terminent, l’une à la partie nord de la ville, l’autre aux murs du côté du midi. De hauts cyprès disséminés comme au hasard, quelques oliviers, et des arbustes verts et gracieux, croissant çà et là entre les mosquées, re-