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troupeau innombrable de vaches noires, de moutons et de chèvres ; il passa environ deux heures à puiser constamment de l’eau de la fontaine pour abreuver ces animaux, qui attendaient patiemment leur tour, et se retiraient en ordre après avoir bu, comme s’ils eussent été dirigés par des bergers. Cet enfant, absolument nu, était monté sur un âne ; il sortit le dernier des ruines de Césarée, et nous dit qu’il venait ainsi tous les jours, d’environ deux lieues, conduire à l’abreuvoir les troupeaux de sa tribu, établie dans la montagne. Voilà la seule rencontre que nous fîmes à Césarée, dans cette ville où Hérode, suivant Josèphe, avait accumulé toutes les merveilles des arts grecs et romains, où il avait creusé un port artificiel qui servait d’abri à toute la marine de Syrie. Césarée est la ville où saint Paul fut prisonnier, et fit, pour sa défense et celle du christianisme naissant, cette belle harangue conservée dans le vingt-sixième chapitre des Actes des Apôtres. Cornélius le centurion et Philippe l’évangéliste étaient de Césarée, et c’est aussi du port de Césarée que les apôtres s’embarquèrent pour aller semer la parole évangélique dans la Grèce et en Italie.

Nous passons la soirée à parcourir les masures de la ville, et à recueillir des fragments de sculpture, que nous sommes obligés de laisser ensuite sur la place, faute de moyens de transport. — Belle nuit passée à l’abri de l’aqueduc de Césarée.

Route continuée à travers un désert de sable, couvert en quelques endroits d’arbustes et même de forêts de chênes verts qui servent de repaire aux Arabes. M. de Par-