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Ces hommes m’ont paru simples, et sincèrement mais fanatiquement crédules. Quelques-uns même, à Nazareth, m’ont semblé de véritables saints, animés de la foi la plus ardente et de la charité la plus active ; humbles, doux, patients, serviteurs volontaires de leurs frères et des étrangers. J’emporte leurs physionomies de paix et de candeur dans ma mémoire, et leur hospitalité dans mon cœur. J’ai bien aussi leurs noms ; mais que leur importe que leurs noms courent la terre, pourvu que le ciel les connaisse, et que leurs vertus demeurent ensevelies dans l’ombre du cloître où leur plaisir est de les cacher ?




Même date.


À la sortie de Nazareth, nous côtoyons une montagne revêtue de figuiers et de nopals. À gauche s’ouvre une vallée verte et ombreuse ; une jolie maison de campagne, rappelant à l’œil nos maisons d’Europe, est assise seule sur une des pentes de cette vallée. Elle appartient à un négociant arabe de Saint-Jean d’Acre. Les Européens ne courent aucun danger dans les environs de Nazareth ; une population presque toute chrétienne est à leur service. En deux heures de marche nous atteignons une série de petites vallées circulant gracieusement entre des monticules couverts de belles forêts de chênes verts. Ces forêts séparent la plaine