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formée de rochers énormes, enceint une darse comblée de sable ; et quelques pêcheurs avec leurs enfants, les jambes dans l’eau, poussent à la mer une barque sans mâture et sans voiles, seule image maritime de cette seconde reine des mers. À Saïde, nous descendons au kan français, immense palais de notre ancien commerce en Syrie, où nos consuls réunissaient tous les nationaux sous le pavillon de la France. Il n’y a plus de commerce, plus de Français ; il ne reste à Saïde, dans l’immense kan désert, qu’un ancien et respectable agent de la France, M. Giraudin, qui y vit depuis cinquante ans au milieu de sa famille tout orientale, et qui nous reçoit comme on reçoit un voyageur compatriote, dans le pays où l’hospitalité antique s’est conservée tout entière. — Dîné et dormi quelques heures dans cette excellente famille ; — douceur de l’hospitalité reçue ainsi, inattendue et prodiguée ; — l’eau pour laver, offerte par les fils de la maison ; la mère et les femmes des deux fils, debout, s’occupant du service de la table. — À quatre heures, monté à cheval, escorté des fils et des amis de la famille Giraudin. Courses de dgérid, exécutées par l’un d’eux, monté sur un cheval arabe. — À deux heures de Saïde, adieux et remerciments. — Marché deux heures encore, et couché sous nos tentes à une fontaine charmante au bord de la mer, nommée el Kantara. — Arbre gigantesque ombrageant toute la caravane. — Jardin délicieux descendant jusqu’aux flots de la mer. Une immense caravane de chameaux est répandue autour de nous dans le même champ. — Nuit sous la tente ; hennissement des chevaux, cris des chameaux, fumée des feux du soir, lueur transparente de la lampe à travers la toile rayée du pavillon. — Pensées de la vie tranquille, du foyer, de la famille, des amis éloignés, qui descendent sur