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perles ; la poitrine, de plusieurs colliers qui forment une natte d’or ou de perles sur le sein découvert.

Quand toutes les femmes furent réunies, une musique sauvage se fit entendre ; des femmes, dont le haut du corps était enveloppé d’une simple gaze rouge, poussaient des cris aigus et lamentables, et jouaient du fifre et du tambourin : cette musique ne cessa pas de toute la journée, et donnait à cette scène de plaisir et de fête un caractère de tumulte et de frénésie tout à fait barbare.

Lorsque la fiancée parut, accompagnée de sa mère et de ses jeunes amies, et revêtue d’un costume si magnifique, que ses cheveux, son cou, ses bras et sa poitrine disparaissaient entièrement sous un voile flottant de guirlandes de pièces d’or et de perles, les baigneuses s’emparèrent d’elle, et la dépouillèrent, pièce à pièce, de tous ses vêtements : pendant ce temps-là toutes les autres femmes étaient déshabillées par leurs esclaves, et les différentes cérémonies du bain commencèrent. On passa, toujours aux sons de la même musique, toujours avec des cérémonies et des paroles plus bizarres, d’une salle dans une autre ; on prit les bains de vapeurs, puis les bains d’ablution, puis on fit couler sur les femmes les eaux parfumées et savonneuses, puis enfin les jeux commencèrent, et toutes ces femmes firent, avec des gestes et des cris divers, ce que fait une troupe d’écoliers que l’on mène nager dans un fleuve, s’éclaboussant, se plongeant la tête dans l’eau, se jetant l’eau à la figure ; et la musique retentissait plus fort et plus hurlante, chaque fois qu’un de ces tours d’enfantillage excitait le rire bruyant des jeunes filles arabes. Enfin, on sortit du bain ; les esclaves