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7 septembre 1832.


Je me suis levé avec le jour, j’ai ouvert le volet de bois de cèdre, seule fermeture de la chambre où l’on dort dans ce beau climat. J’ai jeté mon premier regard sur la mer et sur la chaîne étincelante des côtes qui s’étendent en s’arrondissant depuis Bayruth jusqu’au cap Batroun, à moitié chemin de Tripoli.

Jamais spectacle de montagnes ne m’a fait une telle impression. Le Liban a un caractère que je n’ai vu ni aux Alpes ni au Taurus : c’est le mélange de la sublimité imposante des lignes et des cimes avec la grâce des détails et la variété des couleurs ; c’est une montagne solennelle comme son nom ; ce sont les Alpes sous le ciel de l’Asie, plongeant leurs cimes aériennes dans la profonde sérénité d’une éternelle splendeur. Il semble que le ciel repose éternellement sur les angles dorés de ces crêtes ; la blancheur éblouissante dont il les imprime se laisse confondre avec celle des neiges qui restent, jusqu’au milieu de l’été, sur les sommets les plus élevés. La chaîne se développe à l’œil dans une longueur de soixante lieues au moins, depuis le cap de Saïde, l’antique Sidon, jusqu’aux environs de Latakieh, où elle commence à décliner, pour laisser le mont Taurus jeter ses racines dans les plaines d’Alexandrette.

Tantôt les chaînes du Liban s’élèvent presque perpendi-