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Et, sur l’aile du temps traversant tous les âges,
Brillent comme l’iris sur les flancs des nuages.
Mais adieu ! de l’épître osant braver les lois,
Ma muse inattentive élève trop la voix.
D’un ton plus familier, d’une voix plus touchante,
Je voulais te parler, et voilà que je chante.

Ainsi, quand sur les bords du lac qui m’est sacré,
Séduit par la douceur de son flot azuré,
Ouvrant d’un doigt distrait l’anneau qui la captive,
J’abandonne ma barque à l’onde qui dérive,
Je ne veux que raser dans mon timide cours
De ses golfes riants les flexibles contours,
Et, sous le vert rideau des saules du rivage,
Glisser, en dérobant quelques fleurs au bocage.
Mais du vent qui s’élève un souffle inaperçu
Badine avec ma voile, et l’enfle à mon insu ;
Le flot silencieux sur la liquide plaine
Pousse insensiblement la barque qui m’entraîne,
L’onde fuit, le jour tombe ; et, réveillé trop tard,
Je vois le bord lointain fuir devant mon regard.