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« Il se trompe, » dis-tu ? Quoi donc ! se trompe-t-elle,
L’eau qui se précipite où sa pente l’appelle ?
Se trompe-t-il, le sein qui bat pour respirer,
L’air qui veut s’élever, le poids qui veut descendre,
Le feu qui veut brûler tant que tout n’est pas cendre,
Et l’esprit que Dieu fit sans bornes pour comprendre,
Et sans bornes pour espérer ?

Élargissez, mortels, vos âmes rétrécies !
O siècles ! vos besoins ce sont vos prophéties !
Votre cri de Dieu même est l’infaillible voix.
Quel mouvement sans but agite la nature ?
Le possible est un mot qui grandit à mesure,
Et le temps qui s’enfuit vers la race future
À déjà fait ce que je vois. »

La mer dont les flots sont les âges.
Dont les bords sont l’éternité,
Voit fourmiller sur ses rivages
Une innombrable humanité.
Ce n’est plus la race grossière
Marchant les yeux vers la poussière,
Disputant l’herbe aux moucherons :
C’est une noble et sainte engeance,
Où tout porte l’intelligence
Ainsi qu’un diadème aux fronts.