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VII

Est-ce là mourir, ô prophète ?
Quoi ! pendant une éternité
Sentir le souffle qu’on lui prête
Respirer dans l’humanité !
Quoi ! donner le vent de son âme
V toute chose qui s’enflamme !
Être le feu de cet encens !
Et, partout où le jour se couche,
Avoir son cri sur toute bouche.
Son accent dans tous les accents !

Est-ce là mourir ? Non ! c’est vivre.
Plus vivant dans le verbe écrit ;
Par chaque œil qui s’ouvre au saint livre.
C’est multiplier son esprit :
C’est imprimer sa sainte trace
Sur chaque parcelle d’espace
Où peuvent prier deux genoux :
Et nous, bardes au vain délire.
Dont les doigts sèchent sur la lyre.
Dites-moi, pourquoi mourrons-nous ?

Ah ! c’est que ta haute pensée.
Pur vase de dilection,
N’était qu’une langue élancée
D’un foyer d’inspiration :