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Des sources aux flots bleus voilés de liserons ;
Des prés où, quand le pied dans la grande herbe nage,
Chaque pas aux genoux fait monter un nuage
D’étamine et de moucherons ;

Des vents sur les guérets, ces immenses coups d’ailes
Qui donnent aux épis leurs sonores frissons ;
L’aubépine neigeant sur les nids des buissons,
Les verts étangs rasés du vol des hirondelles ;
Les vergers allongeant leur grande ombre du soir,
Les foyers des hameaux ravivant leurs lumières,
Les arbres morts couchés près du seuil des chaumières,
Où les couples viennent s’asseoir ;

Ces conversations à voix que l’amour brise,
Où le mot commencé s’arrête et se repent,
Où l’avide bonheur que le doute suspend
S’envole après l’aveu que lui ravit la brise ;
Ces danses où, l’amant prenant l’amante au vol,
Dans le ciel qui s’entr’ouvre elle croit fuir en rêve.
Entre le bond léger qui du gazon l’enlève
Et son pied qui retombe au sol !

Sous la tente de soie ou dans ton nid de feuille
Tu vois rentrer le soir, altéré de tes yeux,
Un jeune homme au front mâle, au regard studieux.
Votre bonheur tardif dans l’ombre se recueille :
Ton épaule s’appuie à celle de l’époux ;
Sous son front déridé ton front nu se renverse ;
Son œil luit dans ton œil, pendant que ton pied berce
Un enfant blond sur tes genoux !