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Remplirons-nous les deux du cri de nos alarmes ?
Nous inonderons-nous de cendres et de larmes ?
Répandrons-nous notre âme en lamentations,
Comme ceux qui n’ont pas l’espoir dans leurs calices.
Et qui ne mêlent pas le sel des sacrifices
A l’eau de leurs afflictions ?

Non, nos yeux souilleraient d’une tache profane
De l’immortalité la robe diaphane :
Pleurer la mort des saints, c’est la déshonorer !
Quand Dieu cueille son fruit mûr sur l’arbre de vie,
A qui donc appartient la douleur ou l’envie ?
Qui donc a le droit de pleurer ?

Non ! nous élargissons les ailes de notre âme
Pour aimer l’esprit pur où nous aimions la femme.
Époux, enfants, amis, point de pleurs, point d’adieu !
Celle dont ici-bas l’ombre s’est éclipsée.
Devient pour nos esprits une sainte pensée
Par qui notre âme monte à Dieu !

Gloire à Dieu ! grâce à la terre,
Qui, s’ornant de si beaux dons,
Par un terrible mystère
Te rend ceux que nous perdons !
Gloire à ce morceau d’argile
Où, dans une chair fragile