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FIOR D’ALIZA.

irréprochable, au milieu du petit cercle d’amis et d’admirateurs de sa merveilleuse beauté. Nous nous séparâmes douloureusement quand elle repartit pour Rome. Il y a ainsi dans la vie des apparitions qui auraient pu enchanter l’existence, mais qu’on ne rencontre que trop tôt ou trop tard. La comtesse Léna ne se retrouvera que dans le ciel ; elle était trop belle pour cette terre.

XLVI

Le marquis de La Maisonfort quitta Florence au printemps, au moment où la cour de Toscane allait habiter, suivant son usage, Livourne et Pise, où elle avait ses palais. J’y allai moi-même, et je pris à Livourne, non loin du bord de la mer, une belle villa dans un faubourg, entourée de vastes jardins plantés de citronniers et de figuiers. La grande-duchesse allait tous les soirs se promener en voiture à l’Ardenza ; cette promenade, la seule qu’il y eût à Livourne, était alors sans ombre, et on ne pouvait y aller qu’au soleil couchant, à l’heure où la brise de mer soufflait la fraîcheur humide des flots sur la plage.

J’y montais moi-même à cheval à cette heure, et je galopais sur la route solitaire de la maison isolée qu’avait habitée longtemps lord Byron. Je croyais y revoir son ombre et celle de son amie, la comtesse Guicioli.