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FIOR D’ALIZA.

À son arrivée à Missolonghi avec de l’or et des armes, le ciel lui avait refusé l’occasion d’illustrer deux fois son nom de poëte en y ajoutant le nom de héros, d’homme d’État et de libérateur de la Grèce. S’il vivait aujourd’hui, la Grèce, selon toute probabilité, ne chercherait pas d’autre roi.

Lord Byron avait commencé sa réputation immortelle par la publication d’un poème en quatre chants, ou plutôt d’une grande excentricité poétique, aussi originale et aussi vagabonde que son imagination, intitulée le Pèlerinage de Child Harold. C’était comme un lai de sirventes, comme une légende du moyen âge, dont les seuls événements étaient ses impressions et ses amours, ses songes dans les différentes terres et dans les différentes mers qu’il avait parcourues.

Ce poème avait allumé l’imagination de son temps à proportion du plus ou moins d’élément combustible que ces imaginations portaient en elles-mêmes. La mienne en avait été incendiée, et c’est une de ces impressions que l’âge, les vicissitudes prosaïques de l’existence n’ont pas affaiblies en moi. Les morsures du charbon sacré ne se cicatrisent pas dans le cœur des poëtes.