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FIOR D’ALIZA.

qu’eux-mêmes. Si ce prince, maintenant méconnu et exilé, lit par hasard ces lignes, il y retrouvera, après tant d’années et de vicissitudes, les mêmes sentiments de respect et d’estime. J’ai été assez heureux et assez prudent, en 1848, pour lui en donner des preuves muettes, en résistant aux instances de Charles-Albert et en opposant à ses empiètements contre les princes, ses anciens hôtes, ses parents et ses alliés, l’inflexible refus de la loyauté de la République française. Notre devoir, selon moi, n’était pas de fomenter en Italie l’agrandissement, diminutif pour la France, de la maison de Savoie, mais de favoriser une confédération italienne qui constituât la péninsule en États solidaires contre l’Autriche et reliés et la France par l’éternel intérêt d’une indépendance commune.

XXVI

J’attendais mon ami, le comte Aymons de Virieu, qui, déjà souffrant, venait avec sa famille chercher un climat plus salutaire en Toscane. Je m’étais logé moi-même, et je lui avais proposé un appartement dans une maison isolée et poétique, à l’extrémité de la rue di Borgo ogni Santi, entourée, au premier étage, d’un jardin en terrasse planté de magnifiques caroubiers, et dominant un parc immense, qu’on appelait la villa Torregiani.