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FIOR D’ALIZA.

J’étais trop simple et trop timide, mais l’ange de l’amour conjugal en invente bien d’autres, allez ! Je l’ai bien compris quand je fus sa femme !

CCL

Après ce miracle, je m’endormis comme si une main divine avait touché ma paupière et calmé mon pauvre cœur. Ma résolution était prise d’obéir, sans lui rien dire qu’au moment où le prince qu’on attendait dans Lucques serait arrivé, et qu’il aurait ou ratifié ou ajourné l’exécution. C’était notre dernier espoir.

Hélas ! il fut trompé encore ; le lendemain à mon réveil, le bargello me dit négligemment, comme je passais pour mon service dans le préau, que le prince venait d’écrire à son ministre qu’il ne fallait pas l’attendre et qu’il était retenu en Bohême par les chasses.

Tout fut perdu ; mes jambes me manquèrent sous moi ; mais le bargello ne s’aperçut pas de ma pâleur, parce qu’il ne faisait pas jour encore dans le vestibule grillé du préau. Il crut que je dormais encore a moitié, ou que le retour du prince m’était indifférent comme l’ajournement du supplice du meurtrier.