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FIOR D’ALIZA.

CCXIV

— Rassurez-vous un peu, nous dit le frère quêteur, sans toutefois trop compter sur la justice des hommes, qui n’est souvent qu’injustice aux yeux de Dieu et qui n’a pour lumière que l’apparence au lieu de la vérité.

— Et ma fille ? ma fille ? ma Fior d’Aliza, s’écriait ma belle-sœur, n’en avez-vous donc appris aucune nouvelle par les chemins ou sur les places de Lucques ?

— Aucune, répondit le vieux frère, c’est en vain que j’ai demandé discrètement aux portes de tous les couvents où l’on distribue gratis de la nourriture aux nécessiteux, vagabonds, mendiants ou autres, si l’on avait vu tendre son écuelle a un jeune et beau pifferaro des montagnes ; c’est en vain que j’ai demandé aux marchands sur leurs portes, aux vendeuses de légumes sur leur marché, si elles avaient entendu de jour ou de nuit la zampogne d’un musicien ambulant jouant des airs, au pied des Madones, dans leurs niches ou devant le portail des chapelles. Tous et toutes m’ont affirmé que, depuis la noce de la fille du bargello avec un riche contadino des environs, on n’avait pas entendu une seule note de zampogne dans la ville, attendu que ce n’était pas la saison où les musiciens des Abruzzes descendaient après les moissons dans les plaines.