Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 41.djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
299
CHAPITRE VI.

voix basse Hyeronimo et je lui dis rapidement ce que m’avait dit longuement la maîtresse des prisons, afin que, si c’était pour lui la mort, la voix qui la lui annonçait la lui fit plus douce, et que, si c’était la vie, la parole qui la lui apportait la lui fît plus chère.

— Mais c’est la vie ! lui dis-je, Hyeronimo, mon frère, mon compagnon dans le paradis comme sur la terre, ce sera la vie, sois-en sûr ! Tu ne me refuseras pas de la recevoir de ma main par nos parents ; ces quatre semaines de soulagement de ta chaîne descellée du mur, de prières, de visites, de consolations, d’entretiens avec le prêtre appelé, par toi dans ton cachot, nous offriront un moyen ou l’autre de nous sauver ensemble de ces murs.

— Oh ! si c’est ensemble, dit-il, en me jetant un regard qui semblait réfléchir le firmament et éclairer le cachot tout entier ; oh ! si c’est ensemble, je le veux bien, je le veux comme je veux respirer pour vivre : avec toi, tout ; sans toi, rien ; me délivrer par ta captivité à ma place, plutôt mourir un million de fois au lieu d’une !

CCVI

Je vis qu’avec ce pieux mensonge de me sauver avec lui, j’en ferais ce que je voudrais au dernier moment.

— Eh bien ! lui dis-je, je vais me procurer la lime à