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FIOR D’ALIZA.

Naples ; il se réfugia en Angleterre, puis en France. Il y réfléchit sur le danger d’être le général d’une société secrète. C’était un bon soldat et un honnête homme, incapable d’un crime, mais très-capable de rêver un rôle héroïque à la tête de bataillons qu’il trouvait évanouis en se retournant. Je lui restai toujours attaché de cœur jusqu’à sa mort.

XVII

L’état de ma femme, avancée dans sa première grossesse, et la convenance de la soustraire, au moment de ses couches, au tumulte d’une ville en révolution, me firent partir pour Rome. J’y arrivai au moment où un détachement de l’armée autrichienne campait de l’autre côté du Tibre, prêt à entrer dans la ville, si une révolution analogue à la révolution d’Espagne, de Naples et de Turin, venait à éclater, comme on l’annonçait à toute heure. L’ombre de ce détachement suffit pour arrêter les révolutionnaires carbonari de Rome et des États du Pape. Tout resta dans le calme habituel de cette capitale de la religion, de la science et des arts. La société était nombreuse, cosmopolite, brillante. Le gouvernement du doux et pieux Pie VII, souvent persécuté, jamais persécuteur, y était insensible et aimé. L’ami de ce Pape, le cardinal Consalvi, y régnait par la séduction bienveillante de son caractère.