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CHAPITRE V.

— Et qui est-ce qui remplacera ton frère, le porte-clefs de la prison, auprès des prisonniers, chez le bargello.

— Ah ! dame, je n’en sais rien, dit l’enfant. Je voudrais bien que ce fût moi, car on dit que c’est une bien belle place, qu’on y gagne bien des petits bénéfices honnêtement, et qu’on est à même d’y rendre bien des services aux femmes, aux mères, aux filles de ces pauvres prisonniers.

CLII

Un éclair me traversa la pensée, et mon cœur battit sous ma veste comme un oiseau qui veut s’envoler. Miséricorde ! me dis-je en moi-même, si la femme du bargello et son mari, qui sont là derrière moi, dans le char, et qui n’ont peut-être pas encore trouvé de garçon pour remplacer leur gendre, venaient à jeter les yeux sur moi et à m’accepter pour porte-clefs à la place de leur gendre ? J’aimerais mieux cette place que celle du duc de Lucques dans son palais de marbre et d’or.

Mais c’était une pensée folle, et je la chassai comme une tentation du démon ; cependant, malgré moi, je cherchai a plaire à la fiancée, à sa mère et à son père, qui avaient été charitables pour moi, en leur témoignant plus de respect qu’aux autres et en tirant de ma zampogne et